Il y a quelques temps nous avons pu apprendre l'existence d'une nouvelle console hybride avec une grosse ADN PC : la ROG Ally de chez ASUS. Un marché déjà très occupé notamment par le géant Valve et son très bon Steam Deck. Mais visiblement pas assez au goût du constructeur taiwanais qui compte bien montrer tout son savoir-faire en matière de hardware. Est-ce un bon choix marketing ? Inutile de faire perdurer le suspens trop longtemps et passons au test de la bête pour essayer de mieux comprendre chacun de ses aspects.

Présentation générale de la belle (et la bête)

ASUS ROG Ally

Le 1er avril 2023 nous avons donc pu découvrir un véritable bijou technologique qui n'avait absolument rien d'une blague malgré le hasard du calendrier. L'objectif de la console est simple : faire tourner impeccablement et sans accroc la majorité des jeux, qu'il s'agisse du plus imposant des AAA ou du plus intimiste des jeux indépendants sur son écran de 7 pouces. Pour cela elle embarque sans sourcilier un APU Ryzen Z1, doté d'un GPU Radeon 780M basée sur l'architecture RDNA3. Pour dire les choses simplement, c'est ce qui se fait de mieux sur un support de cette taille et c'est très largement supérieur aux propositions d'un Steam Deck ou d'une Nintendo Switch. Nous y reviendrons plus tard en détail. Console portable mais aussi à la fois PC, on retrouve inévitablement la touche gaming que ASUS distille dans ses produits depuis belles lurettes. Cela se remarque en un clin d'œil sur les fonctionnalités RGB autour des sticks, les sorties d'air design et les stries décoratives qui font écho à ce que l'on retrouve sur la gamme de PC portables SCAR de l'entreprise.

En terme de design et d'apparence globale c'est plutôt réussi, certain regretteront sans doute le coté blanc un poil trop salissant qui a au moins le mérite de contraster fortement avec le Steam Deck histoire de ne pas se tromper entre les deux produits. Pour la disposition des touches, la ROG Ally accueille deux sticks analogiques placés de façon asymétrique, un peu à la façon d'une manette Xbox. Le reste de l'interface se compose des boutons d'action (A,B, X, Y) très classiques avec la présence d'une croix directionnelle en plastique qui a la fâcheuse tendance d'imprimer les taches de doigts sur sa robe noire. Sur la façade supérieure du ROG Ally nous avons quatre gâchettes à savoir LB et LT à gauche et RB et RT à droite, deux boutons numériques et deux boutons analogiques. Si de loin la console ressemble vaguement à une Nintendo Switch ou un Steam Deck, une fois entre les mains et devant les yeux on peut remarquer ses subtilités. Déjà le rendu général du plastique semble plus qualitatif et elle est aussi beaucoup plus lourde que la console de Nintendo à savoir 608 grammes contre 421 g. Elle reste néanmoins un peu plus légère que le Steam Deck qui pèse lui 669 grammes. La comparaison est loin de s'arrêter là…

Un écran très qualitatif malgré l'absence du OLED pour cette ASUS ROG ALLY

Passons maintenant à l'écran et à la première question qui fâche. Pourquoi une console portable de 2023 ne possède t-elle pas un écran OLED ? Alors que la Switch, beaucoup moins performante, en possède un ? Selon les dires du constructeur, la ASUS ROG Ally se contente d'une dalle IPS pour pouvoir proposer une meilleure fréquence de rafraîchissement. En l'occurrence ici tout de même du 120 Hz, une fréquence visiblement incompatible avec le OLED pour le moment. La définition de la dalle de 7 pouces n'en reste pas moins très agréable pour les yeux avec du 1920 x 1080 pixels. Une définition qui permet de profiter des jeux dans de meilleures conditions que sur un Steam Deck mais qui a le désavantage évident de nécessiter une plus grosse puissance graphique. Toujours du côté de l'écran, celui-ci jouit de deux traitements Corning Glass, l’un pour vous assurer une bonne résistance de la dalle et le second pour vous empêcher au mieux de subir les reflets.

Et il faut bien admettre que ce dernier est particulièrement efficace et permet de jouer en plein soleil sans trop devoir vous rapprocher. Malgré tout ce n'est pas une surprise, il sera toujours plus judicieux de jouer à l'ombre ne serait-ce que pour empêcher le soleil de venir taper et réchauffer encore un peu plus votre console. Absence d'OLED oblige, la ASUS ROG Ally n'est pas un foudre de guerre en matière de contrastes mais elle reste néanmoins tout à fait convaincante, surtout grâce aux valeurs de sa luminosité qui sont dans la fourchette haute d'un très bon laptop. Coté rafraichissement c'est aussi un sans faute grâce aux 120 Hz qui permettent de rendre l'écran beaucoup plus réactif que celui de la Nintendo Switch OLED ou du Steam Deck. Dans l'ensemble l'écran est très qualitatif et l'absence de la technologie OLED se fait vite oublier. L’image est très belle et vous pouvez aussi profiter de vos films bien paisiblement dans votre lit avec un très bon rendu, digne d’un PC portable.

ASUS ROG Ally

Un audio qui tient la route ?

La partie audio est généralement un point faible des PC et autres consoles portables. Ici le constructeur Asus a placé deux haut-parleurs en façade permettant de faire directement face à l'utilisateur. À l'usage on retrouve un peu le son d'un smartphone haut de gamme, ça reste convenable mais tout de même assez léger et on vous conseille très largement l'usage d'une bonne paire d'écouteurs. Justement, pour le bien de ce test nous avons eu à notre disposition une paire de Rog Cetra True Wireless. Des écouteurs intra-auriculaires à destination des joueurs qui matchent parfaitement avec la console, d'autant plus si vous possédez la version blanche. Ultra légers, résistant à l'eau grâce à la norme IPX4, ils possèdent en plus de bonnes performances sonores. Du moins après avoir passé un peu de temps dans le logiciel Armory Crate qui permet de rehausser les médiums et les aigus qui peinent à convaincre dans la configuration d’origine en sortie de boite. Une fois que c'est fait, on obtient une belle profondeur des différentes plages. Enfin, un mode gaming assez bluffant permet en un clin d'œil de profiter de vos jeux avec un côté sonore très épique. En l'état c'est un élément à prendre en compte dans l'achat de votre console pour profiter au maximum de l'expérience car les haut-parleurs ne seront jamais entièrement satisfaisants si vous êtes un esthète de la musique et du son. C’est aussi bien le cas ici, que sur les laptops à plusieurs milliers d’euros.

Des performances de jeu bluffantes

On rentre dans le cœur du sujet puisqu'il est question ici de voir ce que vaut la console sur le plan du gaming. Comme nous pouvions l'évoquer plus haut la console se dote d'un processeur AMD Ryzen Z gravé en 4 nm (une architecture Zen 4, RDNA 3, 8 cœurs et 16 threads), avec pour couronner le tout 16 Go de RAM et 512 Go de stockage SSD M2. Cette mémoire est en plus entièrement extensible via microSD pour les gros consommateurs de jeux qui aiment bien avoir beaucoup de choix à disposition. La promesse de la console ASUS ROG Ally est simple : pouvoir tout faire tourner les jeux en 1080P à 30 FPS minimum pour une puissance deux fois équivalente à celle du Steam Deck. Bingo, pari réussi. Tout fonctionne à merveille sur nos différents tests. Pour l'occasion nous avons pu tenter l'expérience sur :

  • Cyberpunk 2077 : 35 FPS en moyenne (graphisme moyen, mode TURBO)
  • Forza Horizon 5 : 60 FPS de moyenne (graphisme moyen, mode TURBO)
  • Sea of Thieves : 43 FPS de moyenne (graphisme moyen, mode TURBO)
  • Sons of The Forest : 35 FPS de moyenne (graphisme moyen, mode TURBO)

Pour arriver à ce résultat il faut toutefois faire quelques concessions et ne pas être trop gourmand (c'est le cas de le dire) et privilégier les graphismes sur un rendu moyen. Ça permet de gagner quelques précieux FPS même si il est toujours possible de sacrifier la fluidité pour la beauté du jeu. Notons aussi que ces tests ont été effectués en mode Turbo, qui est plus énergivore mais qui permet de concentrer toute la puissance de la console sur le jeu vidéo. En fait, toutes les ressources disponibles sont envoyées vers le processeur et la partie graphique pour envoyer le pâté. Qui dit mode Turbo et jeu gourmand dit aussi chauffe. Bonne nouvelle comme c'est le cas sur la majorité de ses produits, ASUS est un habitué dans le domaine et un fin connaisseur de la dissipation thermique. Cela aide à avoir un châssis qui ne chauffe pas au niveau des poignets et qui permet même d'oublier la chaleur qui se dégage de la console en pleine partie. Si l'on ajoute à cela la très bonne ergonomie des touches et le très bon retour des boutons et des gâchettes, on obtient effectivement un produit de choix pour jouer en mode "portable". Sauf que...

Une autonomie en dessous ?

Qu'on soit clair sur le sujet tout de suite, l'autonomie est le plus gros défaut de la console. Si elle peut effectivement être transportée dans un sac ou n'importe où, dans les faits, la ASUS ROG Ally est faite pour un usage domestique et ne pourra pas suivre la cadence sur un trajet en voiture ou en transport en commun. En effet l’Ally est dotée d’une batterie de 40 Wh et en mode Turbo elle ne tient pas plus d'une heure. Via le mode performance on peut espérer grappiller 30 min supplémentaires mais ça s'arrête là. C'est deux fois moins qu'un Steam Deck, se faisant elle ressemble plus à une console d'appoint à profiter dans le lit plutôt qu'un réel objet portable. C'est dommage, surtout quand on débourse 800 euros pour se la procurer. Pour contrebalancer un peu, un chargeur de 65 Watts est fourni avec et il permet de recharger l'ensemble à 100% en moins d'une heure. Ça reste dans l'ensemble insuffisant pour espérer y jouer entièrement en mode nomade. Pour 800 ans cela fait un peu mal.

ASUS ROG Ally vs Steam Deck vs Nintendo Switch

D'emblée pour la puissance, la Nintendo Switch est hors jeu. Pendant que le Steam Deck et la ASUS Rog Ally sont dans la stratosphère, la console de Nintendo dépasse à peine la taille du Burj Khalifa. La Nintendo Switch a pour elle une meilleure autonomie et un vrai côté portable qui permet de profiter de vos jeux vidéo partout même pendant de longs trajets. Mais elle ne joue clairement pas sur le même terrain et il vaut mieux se contenter de prendre le Steam Deck comme élément de comparaison car les deux consoles sont dans l’ensemble assez similaires via une hybridité avec le PC. Techniquement la Rog Ally est deux fois plus puissante que le Steam Deck et elle vous permettra de jouer à vos jeux dans de meilleures conditions. Mais pour les a côté, le produit de Valve fait un peu mieux notamment avec une meilleure autonomie mais aussi une interface plus "user friendly". La ROG Ally accuse d'une certaine lourdeur dans son interface et malgré la bonne volonté avec la présence d'une surcouche bien travaillée, on est tout de même moins à l'aise que chez Valve. Malgré tout, Il y a vraiment eu des efforts en termes de navigation. Le logiciel Armoury Crate S permet de régler un tas de fonctionnalités comme les LEDs, ou encore le mode de performance. Il suffit en plus d’appuyer sur le bouton dédié sous la touche start pour y avoir accès. Enfin la grosse puissance de la configuration permet tout de même de mieux profiter de vos jeux que sur Steam Deck. L’autre avantage de la console Rog c’est aussi bien entendu son catalogue de jeux.

ASUS ROG Ally

Un catalogue "illimité"

Contrairement au Steam Deck qui se concentre surtout sur Steam malgré la possibilité de jouer à des jeux d’autres catalogues, la ASUS ROG Ally est ouverte à tout le monde avec son fonctionnement sous Windows 11 et non Linux. Sans encombre et sans se casser la tête, vous avez accès au PC Game Pass de Microsoft, à l’Epic Games Store, à l’Ubisoft Play, à l’Ubisoft Connect, à GOG… etc. C’est en fait un catalogue illimité qui s’offre à vous comme sur un PC traditionnel. En cela, elle est encore plus proche d’un PC portable que le Steam Deck, elle en partage d’ailleurs les mêmes défauts à savoir une faible autonomie.

La connectique, ça donne quoi ?

Au niveau de la connectique, Asus a voulu faire les choses simplement sans s’encombrer du superflu. Première bonne nouvelle : nous avons à notre disponibilité un port propriétaire pour y brancher le ROG XG Mobile. À savoir un outil qui offre la possibilité d’y adjoindre une véritable carte graphique avec l’ensemble de sa propre connectique pour faire du Rog Ally une véritable machine de guerre. Nous avons pu vous en parler lors de notre TEST du Asus ROG Flow X13. Sur le principe c’est une tuerie, mais ça fera évidemment largement grimper l'addition en comptant le prix d’un GPU. Pour le reste on retrouve un port Jack 3.5 mm pour un casque  ainsi qu’un lecteur de carte micro SD. Hélas pas de HDMI au programme pour brancher la console sur un écran comme avec une Nintendo Switch. Dommage mais on ne peut hélas pas tout avoir.

La fiche technique :

  • Processeur/CPU : AMD Ryzen Z gravé en 4 nm (une architecture Zen 4, RDNA 3, 8 cœurs et 16 threads
  • Carte Graphique/GPU : AMD Radeon 780M
  • Ecran : 1080p
  • Fréquence de rafraichissement : 120 Hz
  • Mémoire : 16 Go
  • Stockage : Go 512 SSD M2
  • Poids : 608 grammes
  • Prix : 799 euros